Chaque individu possède en lui la ressource de développer des histoires qui le rendront plus fort

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Bonjour problème ! Publié le : 24 mai 2010

« Le problème est le problème, la personne est la personne, le problème n’est pas la personne » est l’un des principes de base des Pratiques Narratives. Et j’avoue que lorsque j’ai enfin compris et réussi à intégrer ce concept, cela m’a ouvert de nouvelles possibilités pour ma vie et pour ma pratique d’accompagnement.

Formidable ! Nous ne sommes donc pas des problèmes ambulants mais nous portons en nous des histoires et ces histoires ont des effets sur nos vies.

Nous avons tous des histoires dominantes que nous promenons avec nous dans les différentes étapes de notre vie. On appelle « histoires dominantes » les histoires que nous nous racontons et qui forgent notre identité. Elles  se construisent à partir de ce que nous vivons. Elles s’ancrent en nous au fil des années et prennent parfois beaucoup de place. Certaines de ces histoires peuvent nous aider à faire face à certaines situations difficiles. D’autres nous empêchent d’avancer ou nous font souffrir, elles deviennent alors des histoires dominantes à problèmes et c’est souvent ce qui amène nos clients à venir nous voir.

Quand un client vient me voir, il me raconte souvent une histoire dominante à problème : « Je suis trop timide » « je suis quelqu’un qui ne sait pas prendre de décision ». Il me raconte son histoire comme si c’était à la fois la réalité et la fatalité. Je suis comme ça, autrement dit : je suis né comme ça. Et, pour me la raconter, il va aller chercher spontanément dans ses expériences de vie tous les exemples qui vont venir renforcer sa croyance qu’il est  « comme ca ». 

Tout le travail d’un accompagnement narratif va être d’écouter et d’accueillir cette « plainte » de notre client. J’entends « plainte » comme l’expression par une personne de sa souffrance, de son mal-être ou de son insatisfaction. Considérer cette plainte comme un hommage qu’il rend à ses valeurs.  Car un problème est un problème quand ce qui est important pour la personne est étouffé. Donc il s’agit de la reconnecter avec ce qui a de la valeur pour elle dans la vie. Son « histoire de problème » prendra alors pour elle des allures de résistance.  Sa manière à  elle de rester fidèle à ce qui compte le plus pour elle.

Ensuite, il s’agit de faire prendre conscience à notre client que l’histoire qu’il raconte ne prend pas autant de place que cela dans sa vie et qu’il y a encore beaucoup d’espace pour d’autres histoires possibles pour lui. Des histoires d’exceptions à l’histoire jusque là vécue comme dominante et problématique. L’inviter à aller puiser dans ses autres expériences de vie les fois où le problème ne s’est pas manifesté, les fois où il a eu de l’influence ou le dessus sur le problème. Avec les exceptions va naître au fur et à mesure des séances une nouvelle histoire, une histoire préférée. En prenant de l’ampleur, cette histoire préférée viendra contrebalancer l’histoire du problème qui du coup perdra de plus en plus de son pouvoir d’influence.

J’ai une cliente par exemple qui est architecte d’intérieur et qui est venue me voir car elle souhaitait créer sa propre entreprise mais avait l’impression qu’elle n’y arriverait jamais, se laissant décourager par la moindre démarche  administrative. A notre premier entretien elle me dit au cours de notre conversation « c’est normal que je n’y arrive pas, je suis quelqu’un qui ne mène jamais à bout ses projets ». Et pour illustrer son propos elle me raconte toutes les fois où elle n’a pas été au bout d’un projet : « J’ai arrêté le bac deux mois avant », « j’ai commencé plusieurs boulots que j’ai abandonné avant la fin des missions » « j’ai souvent entendu ma mère dire de moi que je n’allais jamais au bout de ce que j’entreprends »…. J’ai émis à ce moment-là l’hypothèse que je  tenais une piste intéressante et je lui ai demandé si elle voulait bien  que nous passions un peu de temps à explorer cette piste.

A partir de là nous avons passé une séance entière à déconstruire l’histoire selon laquelle «elle est une personne qui ne mène pas à bout ses projets ». Déconstruire ne veut pas dire casser mais déconstruire dans le sens de démonter, comme on démonte un mécanisme – afin de faire apparaître que ce problème n’est pas en elle, que c’est seulement une construction, une histoire qu’elle se raconte et/ou qu’on lui a raconté.

Pour commencer nous avons travaillé autour du concept de normalité. Sa représentation de ce qui doit être un projet et par rapport à quoi ou a qui.  Car c’est cette norme qui devient un objectif pour elle. Or si elle n’est pas quantifiée ou arbitrairement quantifiée elle devient de ce fait inaccessible. Quand une mesure juste n’est pas donnée, c’est comme si on courait après son ombre : elle fuit sans cesse. 

J’ai donc demandé à ma cliente « C’est quoi pour vous un projet ? Quelle idée vous faites-vous  d’un projet ?. Est-ce qu’un projet a forcément un début, une fin ? Quand commence et quand finit un projet ? Si votre projet était de venir me voir, avez-vous réussi à mener votre projet à terme ? » L’intention de mon questionnement était clairement qu’elle réalise qu’elle mène tous les jours des projets à leur terme.

Et, comme je le disais plus haut le problème est souvent une résistance, j’ai donc demandé à ma cliente : « Qu’est-ce que vous privilégiez quand vous n’allez pas au bout de vos projets ? » cette question l’a un peu surprise car elle pensait être juste une personne qui n’avait pas la volonté d’aller au bout des choses. Alors qu’en fait elle s’est aperçue qu’elle avait fait des choix : comme par exemple de voyager, de faire des rencontres, de voir des expos, d’accumuler des expériences car, m’a-t-elle dit, « pour créer j’ai besoin de vibrer ». Et vibrer l’aide à  avancer dans son projet d’être une architecte d’intérieur au fait des tendances.  En donnant du sens à ses actions, ma cliente redevient acteur de son projet et change de regard sur son histoire de problème.

Pour conclure sur nos histoires dominantes, ce que j’ai envie de retenir, c’est que les histoires que nous nous racontons et qui forgent notre représentation de nous-mêmes sont largement influencées par ce que nous vivons et par les contextes sociaux et culturels dans lesquels nous évoluons. Certaines de ces histoires accroissent notre capacité à être heureux et à avancer dans la vie, d’autres tout au contraire nous inhibent et nous rendent insatisfaits de nous-mêmes, malheureux. Nous avons tous en nous la capacité et les expériences de vie nécessaires pour développer des histoires préférées, celles qui nous donneront l’énergie, la confiance de marcher vers ce qui est bon pour nous.

Dina Scherrer

Publié le : 24 mai 2010 | 1 Commentaire | Partager/Mettre en favoris


1 Commentaire sur l'article “Bonjour problème !”

  1. 1 ponceblanc92 a dit à 12 h 06 min le mai 6th, 2013:

    Très intéressante cette approche de la réalité de chacun en tant que conséquence réversible par la déconstruction. Je suis persuadé de ces résultats positifs.


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