Une Caisse de Retraite Régionale m’a invitée il y a quelques semaines à animer un séminaire autour du thème « Comment gérer les situations délicates ».
Chaque année une journée de séminaire est organisée à l’intention de la centaine de cadres de direction de cette organisation autour d’un thème censé les aider dans leurs fonctions managériales.
La journée a commencé de manière conventionnelle par le discours du Président donnant la vision, les objectifs et les défis pour l’année à venir et a continué sous forme d’ateliers avec plusieurs intervenants.
Pour ma part, j’avais deux heures afin d’aborder le thème. Deux heures pour répondre à la question: « Comment gérer les situations délicates ? ». En acceptant ce défi, je me mettais moi-même dans la posture de devoir gérer une situation délicate, car je ne suis pas une spécialiste de la résolution des problèmes et je n’avais aucune réponse d’expert à la question posée.
Mais le DRH, que j’avais déjà rencontré autour d’une «journée découverte des Pratiques Narratives», souhaitait que j’aborde ce thème à la manière narrative. Quand je me suis retrouvée face au groupe, j’avais en face de moi des personnes qui visiblement attendaient que je leur dise comment faire dorénavant pour gérer les situations délicates. Avec moi, ils étaient mal tombés.
Je leur ai dit: « je suis votre formateur, mais c’est vous qui allez m’apprendre. Je comprends que cela peut être un peu déstabilisant pour certains d’entre vous, mais c’est comme cela que je vous propose d’avancer ».
Je leur ai donné comme consigne de se tourner vers leurs collègues, de constituer des groupe de quatre ou cinq personnes, au sein desquels chacun à tour de rôle raconterait une situation délicate récente qu’il ou elle avait réussi à bien gérer. Pas forcément une situation extraordinaire: cela pouvait être juste un coup de fil qu’on a enfin pu passer. Chacun termine son histoire en répondant à la question « Qu’est-ce qui m’a permis d’y arriver ? » et note sa réponse sur des post it, une chose – par exemple: patience, diplomatie… – par post it.
Ils sont revenus au bout de trois-quarts d’heure avec leurs post-it et nous en avons tapissé tout un mur.
Alors, j’ai pu leur présenter les Pratiques Narratives en trois points :
1. Ce sont les gens qui ont le savoir. La preuve ce mur constellé de post-it représentant leur savoir.
2. Le savoir est encodé dans des histoires. Si on ne raconte pas d’histoire, on n’a pas accès au savoir.
3. Ce qui va bien n’est jamais histoirisé. On histoirise plus facilement ce qui ne marche pas. D’où l’intérêt de se raconter des histoires de réussite.
Je leur ai dit: « C’est vous les experts des situations délicates. Et pourtant, quand on vous met dans un séminaire qui a pour titre « Comment gérer les situations délicates », on présuppose que vous ne savez pas le faire.
Je leur ai cité le philosophe Michel Foucault qui a beaucoup inspiré Michael White, l’initiateur des Pratiques Narratives. Michel Foucault a dit notamment : « Ce qui ralentit l’apprentissage, c’est quand on met des cloisons entre les gens. Quand les gens gardent ce qu’ils savent pour eux ».
La question maintenant :
– Qu’est-ce que vous voulez faire de ce savoir qui est un référentiel génial ?
Pour l’heure qui restait, nous avons décidé que chaque groupe irait se promener une dizaine de minutes devant les post-it pour voir la production des autres groupes et qu’ensuite il se remettraient ensemble quinze minutes pour discuter :
– Qu’est-ce qu’il y a de commun entre toutes ces productions ?
– Qu’est-ce qu’il y a de différent ?
– Qu’est-ce que vous en tirez comme conclusion ?
– Comment cela pourrait-il vous aider demain à aborder différemment ce genres de situations ?
Une personne de chaque groupe a été ensuite invitée à venir rapporter en grand groupe le fruit de leurs réflexions. C’était très riche et simple à mettre en place.
Les managers ont tous appréciés. Qu’on sollicite leurs savoirs et qu’ils puissent partager des histoires de réussites les avait dynamisés.
Rendre leur savoir aux personnes nécessite que le formateur mette de côté le sien. La posture du formateur narratif est une posture d’ignorant. Ignorant dans le sens que c’est l’autre qui sait, qui est expert de sa vie professionnelle.
Dina Scherrer
Publié le : 25 décembre 2012 | | Partager/Mettre en favoris
Stéphane Kovacs et moi-même avons publié un article :
http://www.dulwichcentre.com.au/tree-of-life-in-the-field-of-business-France-Dina-Scherrer-Stephane-Kovacs.pdf
extrêmement original concernant les applications de « l’arbre de vie » aux contextes professionnels. Ces applications ont été mises au point et testées par Stéphane et moi-même à différentes occasions. Nos collègues australiens se sont intéressés à notre travail car nous sommes très peu à développer une pratique en entreprise et en coaching de l’ « arbre de vie » (technique développée par Ncazelo Ncube (REPSSI) et David Denborough).
Publié le : 3 novembre 2012 | | Partager/Mettre en favoris
Qui n’a pas un jour le souvenir d’avoir senti se poser sur lui ce regard aimant et bienveillant ? – Ce regard qui réchauffe le cÅ“ur. Ce regard plein d’espoir qui donne envie de se surpasser, qui donne confiance en soi et en l’avenir.
Ce regard qui sauve aussi parfois en venant contredire toutes les mauvaises histoires que l’on raconte ou que l’on se raconte sur nous.
Pour ma part, il y a eu ce regard d’amour inconditionnel que ma mère a toujours posé sur mes frères et sœurs et sur moi. Elle était un miroir formidable pour notre construction. Et nous aimions l’image que reflétait de nous ce miroir. Une image qui nous rendait forts et audacieux. Encourageant tous nos efforts, valorisant nos moindres petits pas dans la vie. Vantant nos mérites à tout son entourage. Nous n’avions de cesse que de vouloir l’épater, lui prouver qu’elle avait raison de croire en nous. Elle a une mémoire impressionnante concernant toutes nos réussites même dérisoires. Et elle sait très bien nous en nourrir quand il le faut. Aujourd’hui encore je me surprends, quand une jolie chose m’arrive, à m’en flatter auprès d’elle. En faisant cela, je sais que le souvenir de ma réussite sera bien gardé. Elle est en quelque sorte la gardienne de nos trésors.
Quand je suis contrariée ou triste, quand une de mes histoires dominantes à problème vient me visiter, il n’est pas rare que j’aille me réfugier à nouveau dans son regard. Je l’appelle, on parle de tout et de rien, souvent du temps qu’il fait, et cela suffit à me reconnecter avec mes histoires préférées.
Nous avons une histoire avec chacune des personnes que nous connaissons ou que nous avons connues. Certaines de ces personnes ont eu une influence positive dans notre vie. Ces personnes ont été les témoins de certaines de nos histoires de compétences. Elles nous ont vus oser des choses, gravir les échelons, prendre des risques, etc. Souvent, nos clients, en situation de stress, perdent de vue leurs compétences. Ils ne se sentent plus «capable de». D’où l’importance de les aider à faire revenir au premier plan les témoins qu’un jour «ils ont su faire».
En narrative, c’est ce que l’on appelle le Club de vie. Nous allons volontairement chercher des personnes qui ont une influence positive dans la vie de notre client, des personnes qui ne seraient pas étonnées qu’il soit capable d’atteindre son objectif. Quand j’accompagne une personne, aborder le club de vie est toujours une étape importante.
Je pense notamment à Hugo un jeune homme que j’ai accompagné récemment. Hugo a vingt ans. Il a eu une scolarité très chaotique, a redoublé deux fois et s’est retrouvé déscolarisé une année avant de passer son bac professionnel. Aujourd’hui, il aimerait bien travailler mais il a conscience qu’avec son bac pro en poche ce sera un peu plus facile pour lui. Seulement, il a une histoire tellement difficile avec l’école qu’il ne croit pas possible pour lui d’avoir ce bac. En venant me voir, son objectif est de trouver la force de faire cette dernière année d’étude pour aller le décrocher. Mon travail avec Hugo, dans un premier temps, a été d’écouter ses plaintes vis-à -vis de l’école et de l’aider à regagner en confiance en lui.
Il y a eu une étape décisive dans notre travail avec Hugo quand je lui ai demandé de se rappeler un professeur, dans toute sa scolarité, qui un jour a posé un regard bienveillant sur lui, qui a cru en lui. Hugo m’a tout d’abord répondu spontanément: aucun. J’ai un peu insisté en lui demandant de se souvenir de toutes les étapes de sa scolarité, et tout d’un coup, il m’a dit « Oui, il y a bien une maîtresse, quand j’étais en maternelle. Mais c’est trop loin tout ça ».
Je lui ai demandé de me parler de cette maîtresse. Il se souvenait précisément de tout. Son nom – Mme Martin – sa voix douce et gentille, ce qu’elle leur faisait faire. En me parlant d’elle, Hugo s’est illuminé. Je lui ai demandé : Qu’est-ce que Madame Martin a bien pu faire pour que tu gardes d’elle un si bon souvenir ? « Elle était gentille avec moi. Elle trouvait que je dessinais bien. Elle me le disait souvent ». «A ton avis, qu’est-ce qui faisait qu’elle était gentille avec toi ?» « Je ne sais pas. Je me souviens juste que j’étais toujours avec elle, à côté d’elle. Peut-être qu’elle me trouvait gentil aussi. Ma mère m’a dit que j’aimais bien aller à l’école en ce temps-là . Que j’aimais bien apprendre ».
Nous avons passé une séance entière à parler de Madame Martin. Je voulais tout savoir dans les moindres détails. J’avais dans l’idée que plus la description serait riche, plus Mme Martin s’incarnerait et deviendrait ressource pour Hugo.
A la fin de la séance, j’ai demandé à Hugo : Qu’est-ce que cela te fait de parler de Mme Martin comme on vient de le faire ? Qu’est-ce que le fait de te souvenir de ton lien avec Mme Martin te donne comme espoir pour cette dernière année d’étude ? Si tu pouvais te regarder avec les yeux de Mme Martin, quelle image aurais-tu de toi ? A ton avis, que te dirait Mme Martin sur ta capacité à avoir le bac ? Est-ce que tu penses que de penser à Mme Martin quand ce sera trop dur pour toi pourrait t’aider ?
La confiance d’Hugo est montée en flèche pendant cette séance. En se reconnectant à Mme Martin, il est sorti de son isolement. Il avait remis en pleine lumière une personne qui a compté positivement pour lui dans son parcours scolaire, une personne qui porte la mémoire d’une partie de ses compétences. En se reconnectant à elle, il s’est reconnecté à une autre histoire que celle de l’échec.
Découvrir qu’un jour il a aimé apprendre est une exception face à son histoire de mauvais élève. Quand une première exception émerge, d’autres deviennent plus facilement accessibles. Une exception est une exception mais deux exceptions c’est le début d’une nouvelle histoire.
Redonner de l’importance à toutes les personnes qui contribuent ou ont contribué positivement à notre vie est un magnifique moyen pour aller à la rencontre des exceptions, de celles qui finissent par déstabiliser nos histoires de problème jusqu’à retrouver l’espoir.
Dina Scherrer
Publié le : 12 août 2012 | | Partager/Mettre en favoris

Je viens de terminer une mission auprès de 3 classes de Seconde dans un lycée professionnel de la banlieue parisienne. L’objectif : lutter contre l’absentéisme important dans ce lycée.
En effet, certains jeunes se retrouvent en première année Bac Pro dans un lycée et une filière qu’ils n’ont absolument pas choisis. Souvent le résultat d’une scolarité chaotique. L’orientation subie aboutit la plupart du temps à une grande démotivation du jeune qui a pour effet le décrochage scolaire, l’absentéisme et parfois la délinquance.
Nous avions prévu 7 séances, une séance par mois. Les premières séances ont été consacrées à créer l’alliance, écouter leurs plaintes, faire émerger leurs histoires préférées.
Ce n’est qu’à la quatrième séance que nous avons commencé à parler de l’Absentéisme. J’ai proposé une méthode d’externalisation théâtrale en m’inspirant du travail de Kathy Cronin-Lampe (conversation avec Dak – article paru dans Errances Narratives – octobre 2011).
J’ai demandé aux jeunes s’ils accepteraient de participer à une expérience qui consisterait à constituer un groupe unique dans le but de travailler ensemble sur le sujet de l’Absentéisme. Je leur ai expliqué que je désirais tenter avec eux une nouvelle manière de parler des problèmes, et que j’aimerais faire une vidéo qui pourrait être utilisée à des fins d’éducation et d’information. Une vidéo qui pourrait aider d’autres jeunes confrontés à ce problème. Les jeunes ont tout de suite acceptés et semblaient contents que leur travail soit diffusé sur une vidéo et présenté ensuite aux autres classes, aux professeurs.
Pour chaque classe, j’ai demandé deux ou trois volontaires pour jouer le rôle de « Absentéisme ». Ils se sont assis face au groupe et j’ai posé le cadre. Je leur ai dit « c’est comme si Absentéisme était un personnage, vous allez incarner ce personnage et nous, nous allons poser des questions à Absentéisme pour en savoir un peu plus sur lui, ses pratiques, sur comment il s’y prend pour recruter les jeunes ».
J’ai proposé au groupe de poser toutes les questions qu’il souhaitait. J’avais préparé de mon côté une liste des questions dans laquelle les jeunes pouvaient puiser de l’inspiration.
Nos questions :
« Comment t’appelles-tu ? A quoi tu sers ? A ton avis pourquoi les jeunes te laisse entrer dans leur vie ? Pourquoi avoir choisi le lycée X ? Est-ce que le Lycée X est le seul lycée que tu côtoies ? Qui t’a inventé ? D’où viens-tu ? Que veux-tu pour les jeunes qui t’utilisent ? Quels sont tes rêves ? Quelle influence souhaites-tu exercer sur les jeunes ? Comment les jeunes ont-ils entendu parler de toi la première fois ? Qui convainc les jeunes de commencer à te fréquenter ?
Comment se sentent la plupart des jeunes après leur première expérience de toi ? Pourquoi les gens reviennent-ils vers toi ? Explique-nous les risques que les jeunes prennent lorsqu’ils t’invitent dans leur vie ? Quelle est ta réputation auprès des jeunes ? Qu’est-ce qui te rend si puissant ? Quelles sont les ruses que tu utilises pour que les jeunes s’imaginent que tu es « cool » ? A ton avis, qu’est-ce qui fait que certains jeunes te laissent entrer dans leur vie ? Dans quel contexte tu t’épanouis le mieux ? Quels sont tes intentions pour la vie des jeunes ? Quelle utilité tu as pour la vie des jeunes ? Qu’est-ce que les jeunes ont du mal à faire en ta présence ? Quels sont tes effets sur les relations avec l’entourage des jeunes ? Est-ce qu’il y a des personnes qui arrivent à t’affaiblir ? Est-ce que tu te trouve juste ? Comment serait la vie des jeunes sans toi ? Comment tu t’y prends pour arriver à t’imposer même quand tu n’es pas le bienvenu ? Est-ce qu’il y a des personnes qui ont favorisé ton activité dans la vie des jeunes ? En présence de qui tu n’apparais jamais ? Qu’est-ce qui te rendrait la tâche plus facile? Qui pourrait le mieux nous parler de toi? Comment pourrais-tu voir qu’un jeune te résiste? Si tu étais une maladie, comment pourrait-on te soigner ? Qu’est-ce qui pourrait te désespérer? Est-ce que le milieu scolaire est le seul milieu que tu côtoies ? Qu’est-ce qui pourrait t’empêcher de prendre autant de place ? Quels sont tes amis, tes ennemis? Y-a-t-il des fois où les jeunes ne te laisses pas entrer dans leur vie ? Raconte-moi une histoire où tu as été écartée de la vie d’un jeune ? Qu’est-ce que cela dit qu’un jeune ait réussi à te résister ? Qu’est-ce que cela dit de ce qui est important pour lui ? »
Leurs réponses :
« Je suis le diable. Je sers à foutre en l’air votre avenir, à faire le plus de clochards demain. Tout ce qui te fait kiffer, l’Absentéisme va être là pour que tu le fasses. Mon rêve est d’attirer tous les jeunes avec moi. Les jeunes me laissent entrer dans leur vie car ils n’aiment pas l’école, ils ont des problèmes. Si on n’était pas là , la vie des jeunes serait bien, ils seraient tous au boulot, tout le monde serait attentif, ils auraient tous leur bac. Je me trouve juste avec les élèves qui sont perdus, c’est sûr qu’ils n’ont pas d’avenir. On n’est pas juste avec ceux qui veulent travailler, qui ont envie de réussir. Quand ils nous fréquentent ils sont moins fatigués, c’est pour faire quelque chose, ce n’est pas pour rien. Nos ennemis sont les profs, vous, les CPE, l’école, la famille, le réveil. Nos amis c’est la merde, tout ce qui a dehors, le sommeil, la fatigue, le PC, la télé. C’est le jeune qui m’a inventé car si il veut de moi je suis là , si il ne veut pas de moi je ne suis pas là . On nait avec et ça dépend si ca se développe ou pas. Pour convaincre les jeunes on leur dit vient avec moi, fais pas le bâtard, la dernière fois je suis venu, c’est à toi de venir. Ceux qui peuvent le mieux parler de nous sont ceux qui ont des problèmes, ceux qui se sont fait virer de l’école, les sécheurs, Sarkozy. Je n’apparais jamais en présence des parents, devant les trucs que j’aime. Nos ruses c’est quand il y a un jeune qui dit aux autres que le professeur est pas là alors qu’il est là et c’est toute la classe qui est absente. Si j’étais une couleur je serais noire car obscure. L’antidote serait de travailler, car quand on travaille on touche de l’argent on résiste à Absentéisme. C’est les sous le remède. Une histoire où un jeune a réussi à nous résister : Jérôme, quand il était au collège on arrivait à l’avoir mais quand il est arrivé au lycée il ne voulait plus entendre parler de nous car il disait que les matières professionnelles l’intéressaient mieux et il voulait avoir son bac pro alors il s’est accroché. Mais il n’était pas respecté dans la classe et se faisait embêter par les autres. C’est possible d’arrêter de nous fréquenter mais on ne peut pas arrêter d’un seul coup, il faut y aller progressivement comme la cigarette. Manquer de moins en moins. »
Leur faire expérimenter le statut d’expert. A la suite de ces séances, nous avons fait un montage vidéo. Dans un premier temps, j’ai montré le film aux jeunes concernés et nous avons fait un travail de réflexion autour de leurs réponses. Ce qu’ils ont appris, ce qu’ils retiennent et qui va les aider, ce qu’ils sentent de mettre en place…
Contribution à la vie des autres. Dans un deuxième temps, je leur ai demandé ce que nous pourrions faire de cette vidéo et de leurs idées et réflexions sur le sujet. A qui ils auraient envie de montrer cette vidéo. A qui ce serait utile de montrer cette vidéo…
Nous avons donc décidé d’organiser une séance où ont été invités le Proviseur du lycée, les professeurs, CPE, une responsable du rectorat, d’autres élèves et nous avons montré la vidéo et communiqué les idées et réflexions du groupe. Nous avons fait résonner les invités. Ce qu’ils retiennent, l’image que cela leur donne des jeunes qui sont concernés, ce qu’ils ont appris et qui va les aider….
Notamment un des points qui a été évoqué est que ceux qui résistent à « Absentéisme » dans une classe, ne sont pas toujours respectés par les autres. Une discussion s’est donc lancée sur comment respecter ceux qui résistent ? Valoriser ceux qui résistent en faisant émerger tout ce qu’ils ont du mettre en place pour éloigner « Absentéisme » de leur vie. Ce que cela dit d’eux et de ce qui est important pour eux.
Faire de nos clients les porte-parole d’un problème social. Les jeunes ont pu s’exprimer, montrer qu’ils étaient les mieux placés pour parler de ce sujet qui les concernent directement. Ils savent parfaitement comment « Absentéisme » vient dans leur vie et comment s’en protéger si nécessaire. Le fait de partager leur expérience, leur savoir, va pouvoir aider d’autres jeunes qui luttent également contre « Absentéisme ».
Publié le : 24 juin 2012 | | Partager/Mettre en favoris
Nous venons de vivre trois jours formidables à la Classe de Mer 2011 d’Arcachon avec Stephen Madigan, à réfléchir et à expérimenter comment lutter contre l’individualisme, les relations de pouvoir et le contexte social des problèmes.
Il nous a transportés encore un pas plus loin au-delà de ce que savions déjà des Pratiques Narratives en partageant avec nous sa pratique, ses idées nouvelles, ses expériences avec une grande simplicité et générosité.
Je vais garder et intégrer beaucoup d’idées et de concepts qui vont venir enrichir ma pratique.
Notamment son travail pour lutter contre l’individualisme : les clients parlent de façon individualiste et nous, il nous faut faire de l’anti-individualisme. Il nous faut explorer comment le problème fonctionne en relation à la culture de la personne et de son environnement. Les sélections que font les personnes des évènements dont elles tissent leurs histoires sont influencées par la culture. Plutôt que de situer le problème dans la personne, nous devons le voir côté relationnel : Qu’est-ce qu’on dit ? Qui a le droit légitime de le dire ? Avec quelle autorité ? Il convient de regarder les histoires dominantes comme étant produites et reproduites dans la communauté.
Je retiens son formidable travail autour des groupes de soutien de la personne. Il dit : « je veux rencontrer la communauté relationnelle de la personne. C’est souvent cette communauté qui garde la mémoire de la personne jusqu’à ce que elle la retrouve ».
Je retiens aussi son travail autour de l’anticipation de l’espoir : Qu’est-ce que l’on anticipe de devenir ? Qui préfèrerions-nous être ? Si vous n’aviez pas ce problème, qui aimeriez-vous devenir ? A quoi pourrait ressembler ce premier pas qui va vers cette histoire préférée ? Comment vous vous préparez à faire ce premier pas ? Qui pourrait vous aider à faire ce premier pas ?
Je retiens son travail autour de l’exploration de la perte. Une nouvelle manière de regarder les effets du problème. Pour pouvoir avoir cette relation avec le problème, il faut perdre quelque chose. Le problème n’y est pas arrivé tout seul : Qu’elle a été la plus grande perte pour toi ? Qu’est-ce qui vous manque dans ce que vous vivez actuellement ? Pourquoi ça vous manque ? Où pensez-vous que c’est parti ?
Stephen nous rappelle également que le problème a des pratiques. Donc, il faut explorer ces pratiques, les mises en actes du problème. Mais il nous rappelle que les capacités, les compétences ont aussi des pratiques. Mettre en actes les compétences : Qu’avez-vous fait pour résister à cela ? Quand la personne vient nous consulter c’est déjà une mise en acte de ses capacités.
Je retiens son travail autour de l’histoire alternative. Il dit : « J’écoute toujours l’histoire de façon à pouvoir entendre quelque chose qui ne colle pas avec l’histoire du problème. L’histoire secondaire émerge quand nous commençons à avoir des suspicions sur le problème ».
Un grand merci à la Fabrique Narrative d’avoir organisé cette belle rencontre.
Publié le : 10 septembre 2011 | | Partager/Mettre en favoris