L’arbre de vie Publié le : 9 avril 2011
En m’initiant à l’Arbre de vie à la Fabrique, j’ai tout de suite saisi l’intérêt d’un tel outil qui, pour moi, à deux fonctions essentielles : permettre d’étoffer au maximum l’histoire préférée de la personne et permettre également de mettre en lumière, au travers des racines notamment, les différents contextes qui pourraient avoir une influence dans sa vie.
En individuel ou en groupe, en entreprise ou dans différentes communautés, l’Arbre de vie peut être adapté et permettre aux personnes de parler de leur vie en utilisant ce qu’elles savent de leur connaissance sur les arbres, tout simplement qu’ils ont des racines, un tronc, des branches maîtresses, des branches, des bourgeons, des feuilles, des fleurs, de la sève, etc. On peut utiliser la métaphore de l’Arbre pour faire émerger compétences et ressources, pour faire des liens et donner du sens à son parcours. C’est un outil puissant pour recueillir des informations auprès des jeunes tout en les aidant à se projeter dans l’avenir. Pour terminer, je dirai qu’il permet de mieux connaître nos interlocuteurs et leur offre la possibilité de prendre de la distance nécessaire pour regarder leur  vie. En outre, c’est un outil très accessible, intuitif.
Etoffer l’histoire préférée de la personne
En fonction de ce qui peut amener une personne à venir nous voir, on utilisera l’Arbre de vie pour que cette personne trouve du sens à ses initiatives (les racines et le sol dans lequel elles plongent), pour honorer ses ressources (le tronc), explorer ses projets, les espoirs qu’elle nourrit pour sa vie (les branches), pour la sortir de son isolement en identifiant les personnes importantes et ressources autour d’elle (les feuilles). Pour la rendre consciente des évènements importants, des rencontres, des chances qu’elle a su saisir et qui ont influencé sa vie positivement (les fruits).
Mettre en lumière les différents contextes dans lesquels a  évolué ou évolue la personne
Pour moi, pour qui le contexte élargi n’est pas toujours évident à explorer, l’Arbre de vie a été très aidant. En effet, au niveau des racines, quand la personne est invitée à mettre des mots sur : « Quelle est ton histoire ? Qu’est-ce qui fait que tu es la personne que tu es aujourd’hui ? Qu’est ce qui t’a construit ? ».  Aux jeunes qui ont un peu de mal, je demande souvent : « Qu’est-ce qui fait que tu es le jeune homme de quinze ans que tu es aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fait que tu es unique ? Qu’est-ce qui, dans ta vie, a fait le jeune homme que tu es ? »
A ces questions, de magnifiques éléments de contexte viennent éclairer l’histoire des personnes. Souvent, chaque racine est un contexte différent. Et, quand la personne me présente ses racines, c’est souvent un moment de prise de conscience de ce qui conditionne un peu sa vie.
En individuel
Aujourd’hui, j’utilise l’Arbre de vie avec quasiment chacun de mes clients. Souvent en début de mission, car il me permet de faire connaissance avec la personne qui est venue à moi. Ensuite, à chacune de nos séances, j’affiche son arbre. Et quand, lors de nos conversations, un nouvel élément émerge, c’est souvent une occasion d’étoffer son arbre. Rajouter une feuille, en enlever une. Rajouter une compétence ou autre chose. Faire du « re-membering » en s’adressant à une feuille.  On peut aussi décider d’écrire une lettre à une feuille. C’est une manière de reconnaître la contribution de la feuille dans la vie de la personne. Quand l’arbre est bien nourri, et souvent avant de clôturer une mission, je propose à mon client d’inviter un témoin extérieur pour « résonner » à son arbre. Il peut choisir une personne de son entourage ou s’il ne le souhaite pas, je peux aussi lui proposer une personne de mes relations. Pour les mineurs, je propose souvent de présenter leur arbre à un parent, l’ occasion de l’étoffer encore davantage et de renforcer les acquis.
En groupe – La forêt de vie
J’ai eu l’opportunité d’expérimenter l’Arbre de vie pour différentes communautés de personnes : des classes de jeunes en grande difficulté scolaire, des groupes de travailleurs sociaux (médiateurs éducatifs), des groupes d’étudiants coachs et des groupes de jeunes adultes sans qualification, en recherche d’emploi dans des missions locales.
Les objectifs selon les groupes peuvent être différents, mais en créant son Arbre de vie et en l’associant à ceux des autres pour former une « Forêt de vie », l’intention narrative reste sensiblement la même tout en s’élargissant : mieux se connaître, étoffer l’histoire préférée de la personne, du groupe,  la faire rayonner à un plus large niveau.
Dans le cas de la « Forêt de vie », je demande à chaque personne du groupe de réaliser d’abord son arbre de vie, seule, chacun travaillant ainsi au contact des autres, au même rythme, mais de son côté. Ensuite, nous affichons les arbres au mur et cela fait la Forêt de vie. J’avais apporté  mon propre arbre de vie que j’ai proposé de partager avec eux au moment d’assembler la Forêt de vie. Ils m’avaient fait le cadeau de partager leurs arbres avec moi, je leur faisais cadeau du mien. Celui qui le souhaite est invité à présenter son arbre aux autres. Les témoins peuvent résonner à l’arbre de la personne qui présente. Les participants peuvent mettre, à l’aide de post-it, des mots de soutien sur les arbres.
En groupe – la tempête de vie
L’étape après la Forêt de vie, quand le groupe est constitué de personnes en souffrance ou en grande difficulté voire précarité.
Je ne l’ai expérimenté qu’une seule fois avec une classe de jeunes de 16 à 18 ans. 20 jeunes qui se retrouvaient dans une « classe relais » pendant une année. Une étape pour eux qui avaient vécu un parcours personnel et scolaire très difficile et chaotique et qui, pour la plupart, étaient déscolarisés depuis de nombreuses années. L’objectif de l’action était de les préparer à intégrer le CAP de leur choix l’année suivante. Mais l’objectif premier était qu’ils gagnent en confiance en eux-mêmes et reprennent espoir dans l’avenir.
Je suis venue les voir une dizaine de fois. Pour les aider à tenir pendant cette année, nous avons beaucoup travaillé la solidarité entre eux. C’est dans ce cadre que l’Arbre de vie a été très utile, à la fois pour échanger sur leur vie, faire émerger toutes leurs ressources, et pour mutualiser tous les savoirs du groupes sur ce qui peut « nous aider à tenir le coup ».
Après la forêt de vie, le process consiste à proposer la « tempête de vie » en engageant une discussion sur les malheurs qui peuvent arriver aux forêts. « Que peut-il arriver de pire à une forêt quand il y a une tempête ? Quels effets cette tempête a-t-elle sur la forêt ? Comment la forêt fait-elle pour se défendre ? Comment font les animaux de la forêt pour se protéger de la tempête ? Qu’est-ce qui y a de commun entre ce qui peut arriver à un arbre et vous ? Quels effets la tempête a-t-elle sur vous ? La tempête est-elle de la faute des arbres ? Et vous, que faites-vous quand les tempêtes surviennent dans votre vie ? Comment les jeunes peuvent-ils répondre aux tempêtes qui sur viennent dans leur vie ? Comment pouvez-vous garder le lien avec les espoirs pendant la tempête ? Est-ce que les tempêtes sont toujours là dans vos vies ? Qu’est-ce que l’on fait une fois que la tempête est passée? »
L’intention, ici, est de recueillir le savoir collectif : « Si je parle, ça peut aider l’autre ». De mutualiser des expériences qui aident les personnes à se défendre. C’est également un moyen d’échanger des messages sur leur survie : cette histoire de forêt leur en fournit le prétexte. Avec la Tempête de vie, nous leur proposons un contexte qui favorise cette expression et sa mise en commun. A la fin, chaque jeune repart avec son arbre qui va l’accompagner et lui rappeler les fleurs sur son chemin.
Publié le : 9 avril 2011 | 5 commentaires | Partager/Mettre en favoris
Génial Dina ! tu ouvres ici tellement de possibilités d’utilisation et de pistes d’exploration…
J’espère que nous aurons l’occasion d’en parler (peut-être la semaine prochaine ?). Il se trouve que l’Arbre de vie me pose en ce moment pas mal de questions.
Un grand merci en tout cas de faire partager ton travail qui donne beaucoup d’espoir.
Un grand merci à toi Dina pour ce que tu nous as offert lors de notre formation : Ta simplicité, ton optimisme, de grandes qualités humaines, ta passion et ton professionnalisme pour les pratiques narratives qui ont fait résonnance pour moi…1000 pensées positives pour que tu continues à nous éclairer la route par ton enthousiasme et ton savoir faire.
Un grand merci
Merci Sandie et merci Nicolas pour vos commentaires. Sandie je suis à Bordeaux la semaine prochaine donc nous allons nous voir et pouvoir discuter plus en détail sur l’Arbre de vie. Quant à Nicolas, tu es pour moi une des belles rencontres du DU d’Angers. Je pense que tu as la posture idéale du coach narratif. Tu as cette modestie et du coup cette capacité à laisser la place à l’autre. Je suis contente d’avoir croisé ta route. A bientôt. Dina
Merci Dina pour ce travail d’écriture qui nous pemets d’avoir des retours sur tes expériences avec l’arbre de vie.
A bientôt de te voir à nouveau
Merci Dina pour ce partage généreux sur l’arbre et la forêt de vie. Cet écrit fait avec clarté et simplicité, me donne envie de proposer la forêt de vie à un groupe que je vais accompagner. Bises et bonnes vacances ! Véronique